Archives par mot-clé : Histoire

Quelle histoire pour quelle mémoire ? Quelle mémoire pour quelle histoire ? par Yvan Droumaguet

Ateliers populaires de philosophie

Quatrième cycle, les lundis 6, 13, 20 et 27 janvier 2014

Quelle histoire pour quelle mémoire ?
Quelle mémoire pour quelle histoire ?

par Yvan Droumaguet

Infos pratiques :
Lieu : Amphi Donzelot, 6 rue Kléber à Rennes
Horaires :
les lundis 6, 13, 20 et 27 janvier 2014, 18h-20h
Entrée libre et gratuite, renseignements et contact : 07 81 55 85 09

Programme des ateliers populaires de philosophie 2013-2014

Présentation de l’atelier :

Entre mémoire et histoire, les liens sont multiples et complexes. Les deux se rapportent au passé mais l’histoire se veut être une science là où la mémoire renvoie à un vécu. Quel rôle joue la mémoire dans l’écriture de l’histoire ? Quel est celui de l’histoire dans la conservation d’une mémoire du passé ?
Si la mémoire est d’abord celle d’un sujet singulier, celui-ci se trouve relié à d’autres sujets dans une communauté d’existence. Peut-on alors parler de mémoire collective qui, en retour, confère à cette communauté son identité ? Quel rôle joue, de son côté, l’histoire dans la constitution de cette mémoire partagée, facteur d’identité ?
D’autre part, la mémoire sélectionne, elle est inséparable de l’oubli. Dans l’histoire, comment s’opère le choix, selon quels critères ? A l’échelle de l’individu, l’oubli peut être refoulement inconscient, en est-il de même à l’échelle des sociétés ? Que devient ce dont nous n’avons pas, ou plus, le souvenir ?
On peut aussi noter ce paradoxe qu’alors que l’histoire contemporaine, dans sa visée scientifique, semble faire moins de place au témoignage, et donc à la mémoire, on n’a jamais autant parlé de travail de mémoire, de lieux de mémoire, jamais autant fait de commémorations. Qu’en est-il du « devoir de mémoire » ? En quoi et de quoi se souvenir serait-il un devoir, et dans quel but ?
Pourquoi n’y aurait-il pas de même un devoir d’oubli ? D’ailleurs, le passé qu’il faut ne pas oublier implique un passé que l’on oublie. Se souvenir, mais pourquoi ? Pour ne pas répéter les erreurs passées ? Pour construire une humanité meilleure ? On fait, le plus souvent, état du « devoir de mémoire » en rapport aux grands crimes contre l’humanité commis au siècle dernier, et particulièrement à la barbarie nazie ; or, la barbarie est-elle uniquement affaire de régime politique et d’idéologie ? N’est-ce pas dans l’humanité elle-même, c’est-à-dire en chacun de nous, que réside cette barbarie et la lutte pour la civilisation, souvent confondue avec celle pour la démocratie, n’est-elle pas, plus profondément, un combat que chacun doit mener contre lui-même ?

Bibliographie :

Henri Bergson : Matière et mémoire (Quadrige / PUF).
Primo Levi : Les naufragés et les rescapés, Quarante ans après Auschwitz (Arcades/ Gallimard).
Keith Lowe : L’Europe barbare, 1945-1950 (Perrin, 2013). Cet ouvrage d’un historien anglais (titre original : Savage Continent, Europe in the Aftermath of World War II, 2012) montre, de façon très documentée, que la barbarie ne s’est pas arrêtée à la défaite des nazis en 1945 mais qu’elle s’est manifestée dans toute l’Europe dans les années d’après-guerre.
Krzysztof Pomian : Sur l’histoire , 1999 (folio histoire).
Paul Ricœur : La mémoire, l’histoire, l’oubli , 2000 (Points / Seuil).
Henry Rousso : Le syndrome de Vichy de 1944 à nos jours , 1990 (Points / Seuil).
Michel Terestchenko : Un si fragile vernis d’humanité Banalité du mal, banalité du bien, 2005 (La Découverte / Poche).
Tzvetan Todorov : Les abus de la mémoire , 1995 (Arléa).
Pierre Vidal-Naquet : Les assassins de la mémoire « Un Eichmann de papier » et autres essais sur le révisionnisme , 1987, (La Découverte / Poche)

Les champs de la réflexion 2013 : Un Sens pour l’’histoire ?

Les Champs de la réflexion

Un Sens pour l’’histoire ?

Samedi 16 février 2013 à 15h30
Salle de conférences Hubert Currien – Champs Libres
avec Michèle Riot-Sarcey et Quentin Deluermoz

Après avoir exploré, depuis 2007, les concepts du temps, de l’’amour, de la guerre, du meurtre et de l’’utopie, Les Champs de la réflexion s’’arrêtent cette année sur le sens de l’’histoire.
Le XXe siècle, dans ses événements et dans la pensée, a profondément renouvelé cette ancienne problématique. Le progrès n’’est plus un dogme, mais doit-il disparaître de l’’horizon de la pensée historique ? De nouveaux automatismes, sociaux, économiques ne sont-ils pas en passe de dépouiller les hommes de leurs initiatives, de leurs décisions, et finalement de leur liberté ?
Michèle Riot-Sarcey, professeure d’’histoire contemporaine à l’’université Paris VIII – Saint-Denis, a écrit plusieurs ouvrages sur le XIXe siècle, en particulier sur les utopies et le féminisme : Une histoire du féminisme, Paris, La Découverte, 2004.
Quentin Deluermoz est maître de conférences à l’’université Paris XIII / Nord (CRESC). Il travaille en particulier sur l’’histoire culturelle des ordres et des désordres au XIXe siècle. Il a dirigé le recueil collectif : Norbert Elias et le XXe siècle : le processus de civilisation à l’’épreuve, Librairie Perrin, 2012.

La conférence a lieu aux Champs Libres à Rennes, dans la salle de conférences Hubert Curien – Entrée libre et gratuite, réservations au 02 23 40 66 00.

Une morale après Auschwitz… ? par Nathalie Monnin

Ateliers populaires de philosophie

Huitième cycle, du lundi 6 juin au lundi 27 juin 2011

Une morale après Auschwitz… ?
par Nathalie Monnin
professeur de philosophie au lycée Joliot Curie à Rennes

Infos pratiques :
Lieu : Auditorium Paul Ricœur au lycée Zola, Avenue Janvier, Rennes
Horaires : tous les lundi, 18h-20h (hors vacances scolaires)
Entrée libre et gratuite, renseignements et contact : 06 11 14 23 70

Programme des ateliers populaires de philosophie 2010-2011

Présentation de l’atelier :

Peut-on concevoir la morale après Auschwitz de la même façon qu’on la concevait avant ?
1) Cette première question en induit au moins deux autres : en quoi Auschwitz est-il si particulier dans l’histoire de l’humanité qu’il conduirait à devoir repenser la morale ?
2) Qu’était donc la morale avant, c’est-à-dire : comment, en quels termes pensait-on le rôle, la définition, la fonction d’une morale ?
Nous présupposons ici qu’il s’est passé quelque chose à Auschwitz qui a détruit l’idée traditionnelle qu’on se faisait de la morale et qui nous oblige à la penser désormais sur d’autres bases. C’est ce point de rupture et la possibilité – ou pas – de penser une morale après Auschwitz que nous voudrions analyser.

Bibliographie :

Le Commandant d’Auschwitz parle, témoignage de Rudolph Hoess, éd. La Découverte, 2005. Témoignage sincère d’un nazi non repenti, mais qui comprend notre besoin de comprendre et se livre avec confiance pour tenter de mettre au jour les raisons de sa profonde obéissance. Témoignage sincère, et d’autant plus cynique à nos yeux, avec des passages parfois insupportables quand il s’agit de décrire la vie du camp et les procédés d’extermination.

Gitta Sereny et Colette Audry, Au fond des ténèbres : Un bourreau parle. Franz Stangl, commandant de Treblinka, Éd. Denoël, 2007.  Un travail remarquable de la journaliste italienne Gitta Sereny, qui interroge patiemment Stangl sur ses motivations. Contrairement à Hoess, Stangl culpabilisait profondément et se rendait compte de la monstruosité des ordres reçus. Il n’a pourtant pas désobéi. À partir du témoignage, la journaliste fait un éblouissant travail d’investigation des autres témoins de l’époque, dont elle a retrouvé la trace et qu’elle a interrogés pour faire se recouper les souvenirs – et parfois, les éclairer les uns par les autres, mettant au jour les difficultés propres au souvenir pour les survivants. Un chapitre historiquement très fouillé porte sur l’implication de l’église chrétienne dans le régime, et rappelle les quelques prêtres qui ont résisté, au péril de leur vie. On comprend la difficulté de juger les agents du crime, par le soin que l’auteur met à retracer les multiples aliénations, réelles ou supposées telles, qui submergeaient les individus, écrasés par la machine politique et militaire.

Laurence Rees, Ils ont vécu sous le nazisme, Éd. Perrin, coll. Tempus, 2009.
L’historien anglais décrit par le menu (par les témoignages d’anonymes qu’il a patiemment recueillis) le système politique du nazisme pour montrer comment se faisait la chaine de commandement : Hitler ne commandait pas à proprement parler. Il en allait donc de la responsabilité de chacun d’obéir ou de traduire la direction indiquée dans un sens ou dans un autre. Le sens le plus souvent choisi (voire toujours) s’est trouvé être une exacerbation et un durcissement incroyable. Dans ce livre aussi, on voit l’aliénation inconsciente à laquelle les individus sont soumis, sans pouvoir s’en rendre compte – ce qui ne les déculpabilise pas, mais permet de comprendre la spécificité des régimes totalitaires dans la pression formidable exercée sur les individus.

Michel Terestchenko, Un si fragile vernis d’humanité, La Découverte, 2005.
L’auteur analyse les raisons pour lesquelles un individu est conduit à obéir à un ordre monstrueux, pendant qu’un autre est capable d’y résister. Le livre reprend les témoignages de Stangl, à travers le livre de Gitta Sereny, et le travail fait sur le 101e bataillon de Hambourg, pour les mettre en relation avec l’expérience de Milgram.

Stanley Milgram, Soumission à l’autorité, Calmann-Lévy, 1974.
Le psychologue décrit les diverses modalités de l’expérience faite entre 1950 et 1963 pour tester la résistance à des ordres cruels.

Victor Klemperer, LTI, la langue du IIIème Reich, Albin Michel, Pocket, 1996.
Le philologue allemand, mais juif, raconte sa vie pendant les douze années de nazisme, et analyse chaque jour, à 4h du matin, la déformation de la pensée par le « nouveau langage » instauré insidieusement par les idéologues nazis. Il illustre magistralement et dramatiquement le rapport entre la pensée et le langage, en montrant comment les mots informent notre pensée et, par suite, notre comportement.

Sartre, L’Être et le néant, Tel Gallimard, 2ème partie, sur l’être de la valeur.
Sartre met au jour la structure de l’être de la valeur, ce qui permet de comprendre (en recoupant ce texte avec deux autres : l’Idiot de la famille (tome I, p. 139 et sq.) et un inédit paru dans la revue Les Temps modernes, en juillet, Morale et Histoire, octobre 2005) le fondement subjectif de la morale : pourquoi certains obéissent pendant que d’autres trouvent la force morale de désobéir ? Ces textes permettent de ré-interroger la manière dont le Bien nous est donné, ce qui conduit peut-être à fonder à nouveaux frais la morale.

Qui fait l’histoire ? – Bibliographie

Qui fait l’histoire ?
Atelier proposé par Nathalie Monnin
Juin 2010

Sur la conscience historique :
R. Aron, Dimensions de la conscience historique, Plon, 1961 non disponible
A. Prost, Douze leçons sur l’histoire, Seuil, coll. Points/Histoire, 1996
(en particulier le chap. 5 : « les temps de l’histoire ») 907 PRO

Sur la philosophie de l’histoire :
Hegel, La raison dans l’histoire, 10/18
(introduction aux Leçons sur la philosophie de l’histoire, paru intégralement chez Vrin) 193 HEG
Marx, Philosophie, Gallimard, coll. Folio Essais, 2003
(recueil de textes, notamment L’idéologie allemande) Mag 2
Sartre, Questions de méthode, Gallimard, coll. Tel 194 SAR

Sur l’historiographie :
Guy Bourdé, Hervé Martin, Les écoles historiques, Seuil, Points/inédit, 1983 907 BOU, Mag 1
Marc Ferro, L’histoire sous surveillance, Folio Histoire Mag 1
Marc Ferro, Comment on raconte l’histoire aux enfants, Petite Bibliothèque Payot/Documents 907 FER