Le diable

par Maude Robert

Dates et horaires : les lundis 11,18 octobre et 8 novembre 2021
Lieu : amphithéâtre Krier, 7 place Hoche.
Entrée libre et gratuite, renseignements et contact : 07 81 55 85 09
Présentation des Ateliers populaires de philosophie et programme 2021-2022

Ciné-philo : Benedetta, le 17 octobre 2021

Comment penser le diable?

Le diable est-il un simple double négatif de Dieu? On voit dans le diable la figure antagoniste de Dieu. Mais cela n’est pas sans poser problème car cela revient à reconnaître qu’il y a du Mal dans la création, un principe du Mal et une puissance du Mal.
L’existence du diable semble renier l’existence de Dieu, remettre en cause sa bonté et sa toute-puissance.

Quelle conception avoir du diable, quelle essence lui donner, quels attributs, sans pour autant remettre en cause l’idée de Dieu?

Extraits de L’associé du diable de Taylor Hackford; de Tintin au Tibet d’Hergé.

Le diable: un instrument paradoxal au service de la foi, de l’obéissance à l’Etat et de l’ordre social

Le diable peut paradoxalement être conçu comme le serviteur de Dieu mais aussi des monarques. Dans l’Ancien Testament il est celui qui met Job à l’épreuve, avec l’assentiment de Dieu, celui qui permet au croyant de manifester et de réaffirmer sa foi. C’est aussi la figure terrorisante et infernale qui sert d’aiguillon à rester dans le chemin de la foi et qui pousse le croyant à toujours plus de piété. Il est par ailleurs l’instrument du pouvoir, l’alibi de la puissance punitive et répressive: il faut empêcher les partisans du diable d’agir et d’élargir leur puissance. Le diable participe à la construction de la judiciarisation de la société. La justice divine rétribuera chacun action comme il se doit, et c’est avec la même sévérité que le monarque se doit de donner aux délits et aux crimes la juste peine qu’ils méritent.

Extraits de Inside number 9, série britannique; Sous le soleil de Satan de Maurice Pialat

Diable et création

Depuis la figure de Faust, on envisage les découvertes mais aussi la création artistique comme le résultat d’un pacte fait avec le diable. L’ingéniosité, la virtuosité, l’inspiration, la création spontanée, sont vus comme des indices de capacités surnaturelles, trop géniales pour être humaines. Mais pourquoi diable mettre en relation le diable avec l’art, la science ou la technique?
Le diable est pensé comme celui qui contre-vient à l’ordre naturel des choses, celui qui est créateur d’artifices, qui subvertit l’ordre voulu par Dieu pour le transformer. Il ne peut alors qu’être le Saint Patron des productions culturelles, de ce par quoi l’être humain modifie le donné naturel et le transforme à son image. Ce qui est diabolique c’est la création elle-même: se faire créateur, démiurge à la place du démiurge, et d’employer lors de l’acte créatif les mêmes capacités que le démon lui-même, créer des simulacres, des illusions, des éléments qui ont l’apparence du réel mais qui ne sont que des faux semblants.

Extraits de O’brother des Frères Coen et de La main du diable de Maurice Tourneur.

Les avatars du diable à travers l’histoire et les différentes mutations de la figure du diable.
(Sorcières, Méphistophélès, bon petit diable, Frankenstein, double machiavélique, Vampires, Zombies etc.)

Le diable revêt différentes figures en fonction de l’évolution des sociétés. Tous les doutes, les angoisses, les dangers que traverse une société viennent se cristalliser autour d’un certain avatar du diable. La société réinvente dans ses mues successives la figure qu’a le diable. Protéiforme par nature, puisque n’ayant pas de corps propre, le diable se laisse volontiers réinterpréter et réincarner à l’envie.

Que révèlent ces différents avatars ? De quels malaises dans la civilisation sont-ils à chaque fois le symptôme ?
Quelles conceptions se fait-on du diable aujourd’hui? Est-il toujours une entité extérieure? De quelles réalités le diable est-il aujourd’hui le nom?

Extraits de La beauté du diable de René Clair; Frankenstein de Whale, Nosferatu de Murnau et Dracula de Francis Ford Coppola; La nuit des morts-vivants de Romero. Le diable probablement de Robert Bresson.