Une histoire de la vérité, par Nathalie Monnin

Ateliers populaires de philosophie

Sixième cycle, les lundis 17 et 24, 31 mars, et 7 avril 2014

Une histoire de la vérité

par Nathalie Monnin

Infos pratiques :
Lieu : Amphi Donzelot, 6 rue Kléber à Rennes
Horaires :
les lundis 17 et 24, 31 mars, et 7 avril 2014, 18h-20h
Entrée libre et gratuite, renseignements et contact : 07 81 55 85 09

Programme des ateliers populaires de philosophie 2013-2014

Personne n’aime être l’objet d’une tromperie ou d’un mensonge. En général, nous attendons et réclamons La Vérité : des scientifiques, qu’ils nous disent ce qu’il en est du monde, pour de vrai ; de nos proches, qu’ils nous disent toujours la vérité sur ce qu’ils ont fait ou dit ; des hommes politiques, qu’ils ne mentent pas, tiennent leurs promesses, et fassent les vrais (donc, bons) choix pour améliorer nos situations ; des policiers, qu’ils trouvent le véritable assassin ; etc. Il semble que toutes nos actions, nos activités et nos réflexions soient entièrement imprégnées, sans qu’on le sache clairement, de l’idée de vérité. Pourquoi donc ? Qu’entendons-nous exactement par « vérité » et qu’en attendons-nous ? Dans quelle mesure et jusqu’à quel point nous constitue-t-elle ? Est-elle de l’ordre d’un besoin ou une exigence rationnelle ?
Qu’un homme politique ne tienne pas ses promesses une fois élu, et nous le traitons de menteur. Est vrai ce qui ne change pas, ce qui tient dans le temps, identique à lui-même, et quelles que soient les conditions. La science, en ce sens, nous paraît être un bon modèle pour nous dire ce qui est vrai. Et pourtant, l’histoire des sciences est plus l’histoire de ses erreurs que de la vérité. Si la vérité est ce qui ne change pas, on a bien souvent changé de vérité au cours de l’histoire, tant scientifique, politique, morale ou dans nos simples existences. Ainsi, loin que la vérité se confonde avec une sorte d’éternité immuable, ne faut-il pas lui accorder un caractère historique, une véritable histoire, faites de changements et de ruptures ? Certes, l’expression « une histoire de la vérité » nous choque, tant la vérité renvoie à l’immuable : on ne voit pas comment faire l’histoire de l’immuable ni quel sens une telle histoire pourrait avoir. Il faut pourtant bien se demander si la notion de vérité n’est pas aussi elle-même historique.
Ainsi, nous analyserons d’abord en détail ce qu’on entend par vérité. Nous rapporterons ensuite cette analyse au domaine des sciences, de la morale et de la politique, pour comprendre enfin ce qu’on peut espérer de vrai en ce moment, et si cet espoir peut avoir du sens.

Bibliographie :

– Platon, République VI 509a et ss, et VII (début)
– Descartes, Discours de la méthode – Règles pour la direction de l’esprit.
– Michel Foucault, L’origine de l’herméneutique de soi – Conférences prononcées à Dartmouth College, 1980, Vrin, coll. Philosophie du présent, 2013
– Henri Atlan, À tort et à raison, Seuil, coll. Sciences, 1986
– W. James, Le pragmatisme, Champs Flammarion
– Bergson, articles « Le possible et le réel » et « Introduction (première partie) » (sur les effets rétroactifs du jugement vrai), dans La pensée et le mouvant.
– Carnap, Les fondements philosophiques de la physique
– Jacqueline Russ, La marche des idées contemporaines, Un panorama de la modernité, Armand Colin, 1994
Les philosophes et la science, sous la direction de Pierre Wagner, Gallimard, Folio essais, 2002
– Sartre, Vérité et existence, Gallimard, NRF essais, 1989
– Nietzsche, Le livre du philosophe, III, « Introduction théorétique sur la vérité et le mensonge au sens extra-moral »

Filmographie :

La vérité, de Clouzot
Agora, film d’Alejandro Amenabar, qui passera le 6 avril : l’histoire d’Hypatie d’Alexandrie. Sur cette savante du Vème siècle après JC, on pourra lire :
– Maria Dzielska, Hypatie d’Alexandrie, éd. Des femmes, 2010.
– Jean-Pierre Luminet, Le bâton d’Euclide : le roman de la bibliothèque d’Alexandrie
– Luciano Canfora, La véritable histoire de la bibliothèque d’Alexandrie, Desjonquères, 1986.

Bibliographie détaillée par atelier :

1) Ce que nous entendons par vérité. (La vérité, histoire de désir.)

– Platon, République, VI 509a et ss, et VII (début)
Lire Platon, sous la direction de Luc Brisson
– Descartes, Règles pour la direction de l’esprit,
– Descartes, Discours de la méthode, Première et deuxième parties.
– Pierre Guenancia, Lire Descartes, Folio essais
– Michio Kobayashi, La philosophie naturelle de Descartes, Vrin, 1993 (sur la science de Descartes).
– Lévi-Strauss, Race et histoire

2) Les sciences et la vérité : toute une histoire.

Les philosophes et la science, sous la direction de Pierre Wagner, Folio essais (première partie chap. V, sur Carnap)
– Bruno Jarrosson, Invitation à la philosophie des sciences, Seuil, Points Sciences, 1992 (2ème partie en particulier, sur les mathématiques).
– Jacqueline Russ, La marche des idées contemporaines, Un panorama de la modernité, Armand Colin, 1994
– Bernard d’Espagnat, À la recherche du réel, Presses Pocket, 1981
– Carnap, Les fondements philosophiques de la physique (I, 4 : la méthode expérimentale).
– Bachelard, La formation des concepts scientifiques

3) Penser la réalité à partir d’elle-même : Bergson.

– Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience
– Bergson, La pensée et le mouvant
– F. Worms, Bergson ou les deux sens de la vie (analyse des 4 grandes œuvres de Bergson).
– D. Lapoujade, Puissances du temps – versions de Bergson, Éd. de Minuit, 2010 (réflexions sur les fondamentaux de la pensée de Bergson qui suppose déjà une bonne connaissance du philosophe).

4) La vérité, entre relativisme et absolutisme : le pluralisme de W. James.

– Bergson, article sur W. James dans La pensée et le mouvant.
– W. James, Le pragmatisme
– W. James, La signification de la vérité.
– D. Lapoujade, Empirisme et pragmatisme