Trois journées de réflexion 2009 – La guerre

LA GUERRE

Nouveaux Champs de la réflexion aux Champs Libres
Les 26, 27 et 28 février 2009

Proposés en partenariat avec la Société Bretonne de Philosophie, les Champs de la réflexion sont une série de conférences et manifestations qui interrogent les différents aspects de la réalité humaine.

Après le temps et l’identité, thèmes des éditions 2007 et 2008, c’est la guerre qui mobilisera cette année philosophes et artistes.

 

JEUDI 26 FÉVRIER À 20H30
CHAMPS CONTRE CHAMPS – LES CHAMPS DE LA RÉFLEXION

Penser la guerre par François Calori

Salle de conférences Hubert Curien

C’est un fait : la guerre accompagne comme son ombre l’histoire des sociétés humaines. Aussi n’a-t-elle cessé de susciter la réflexion des philosophes. Un certain nombre de conflits récents – parmi lesquels le conflit irakien – ont relancé cette réflexion. Elle tourne autour de quelques grandes questions : quelle est l’origine de la guerre ? Quelles sont ses formes ? Y a-t-il des guerres justes ? La fin-même alors, justifie-t-elle tous les moyens ? Cette conférence est une introduction à ces questions. Elle ne veut pas séparer cependant la guerre et la paix, ni laisser croire que la seule paix possible soit celle des cimetières.
François Calori est maître de conférences à l’université de Rennes 1 et codirecteur de la revue Philosophie (éd. de Minuit). Spécialiste de l’idéalisme allemand, il est également chercheur en philosophie politique et s’intéresse dans cette perspective aux transformations actuelles de la justice et du droit international.

 

VENDREDI 27 FÉVRIER À 15H00
CHAMPS CONTRE CHAMPS – LES CHAMPS DE LA RÉFLEXION

Que fait-on quand on fait la guerre ? par Blaise Bachofen

Salle de conférences Hubert Curien

Qu’est-ce que « faire la guerre » ? À première vue, il est beaucoup plus simple de répondre à cette question que de savoir ce que signifie « faire la paix ». La guerre est un état de fait ; la violence brutale et unilatérale suffit pour que la guerre existe, que l’on y mette ou non les formes. Faire la paix, en revanche, c’est instituer du droit, c’est trouver un accord acceptable entre les parties et des garanties pour cet accord, c’est mettre en œuvre la raison éthique et politique.
Cependant cette opposition, d’apparence si simple, doit être nuancée. Tout conflit, toute violence ne sont pas des « guerres ». Contre Hobbes, pour qui la guerre trouve son origine dans la nature humaine, et qui suppose donc que la guerre apparaît dès que l’homme rencontre l’homme, Rousseau montre que la guerre suppose l’institution de l’État. Seule la forme d’antagonisme qui oppose les états rend concevable cette lutte à mort absolument spécifique qu’est la guerre. Dès lors, la question de savoir ce que signifie exactement « faire la guerre » apparaît dans toute sa complexité. À quelles finalités s’ordonne la guerre ? Comment s’achève ou qu’est-ce que gagner une guerre ? Comment faire la guerre de telle façon qu’on ne la fasse ou la refasse pas indéfiniment ? Des réponses à ces questions dépend la possibilité de penser une rationalité dans la guerre, voire un droit de la guerre qui ne serait pas un vœu pieux.
Blaise Bachofen est maître de conférences en philosophie à l’université de Cergy-Pontoise, où il enseigne la philosophie du droit. Spécialiste de J.-J. Rousseau, il a principalement travaillé sur les théories du contrat social ainsi que sur les fondements et les critiques du libéralisme. Il a publié récemment une édition commentée des Principes du droit de la guerre de Rousseau, en codirection avec Céline Spector (éd. Vrin, coll. « Textes et commentaires », 2008).

 

VENDREDI 27 FÉVRIER À 16H30 PROJECTION

Guerra, un film de Pippo Delbono

Salle de conférences Hubert Curien

Ce film est né en 2003 à l’occasion d’une tournée de la compagnie de théâtre de Pippo Delbono en Israël et en Palestine, où elle devait présenter un spectacle sur la guerre. Tourné à Jérusalem, il est une méditation sur la rencontre du théâtre et de la vie. Comment représenter la guerre à ceux qui la vivent ? Telle était exactement la question posée aux membres de la compagnie. Le film n’est pas un reportage ni un documentaire. S’il en fait partout sentir la présence, il ne montre d’ailleurs aucune image de guerre. Il ne porte pas non plus sur celle-ci un jugement moral ou politique. Ce sont « des fragments de poésie » qui parlent du quotidien des gens ordinaires. « J’aime regarder avec les yeux d’un enfant qui ne comprend pas mais qui est attiré par les visages, les sourires, la peur, les maisons détruites, et aussi par le ciel et la lumière », dit le réalisateur de Guerra. « Comme au théâtre, j’ai cherché quelque chose qui ne m’a pas éloigné de la vérité ». Car « la guerre correspond à une zone d’ombre de l’esprit humain » mais « le regard de la poésie permet de s’approcher d’une vérité plus profonde ».
Pippo Delbono est metteur en scène et comédien. Il dirige la compagnie qui porte son nom et avec laquelle il a monté de nombreux spectacles. Ouvert à la musique, à la danse et aux arts de la rue, son répertoire va de Shakespeare à Frank Zappa, en passant par Pasolini et Pina Bausch.

 

SAMEDI 28 FÉVRIER À 15H30
CHAMPS CONTRE CHAMPS – LES CHAMPS DE LA RÉFLEXION

Du bon usage de la torture par Michel Terestchenko

Salle de conférences Hubert Curien

Que l’une des plus grandes démocraties du monde, les États-Unis, fasse aujourd’hui de la torture une pratique d’État politiquement et juridiquement légitimée constitue une incontestable régression au regard des progrès du droit international depuis la fin de la barbarie nazie et de la prohibition dont elle fait l’objet. Mais que la torture puisse de surcroît faire l’objet d’une légitimation morale est une chose qui nous paraît plus inouïe et plus inconcevable encore.
Tel est pourtant le propre des divers systèmes de justification élaborés par un certain nombre d’éminents penseurs américains, hostiles par principe à son usage mais pour lesquels la torture est un mal nécessaire, parfois même un bien tout court en certaines situations d’exception et de menaces extrêmes.
Michel Terestchenko est maître de conférences à l’université de Reims et à l’Institut d’études politiques d’Aix-en- Provence. Il a publié notamment Philosophie politique (Hachette Education, 1994), Enjeux de la philosophie politique moderne, Les violences de l’abstraction (PUF, 1992), Amour et désespoir (Seuil, 2000), Un si fragile vernis d’humanité, Banalité du mal, banalité du bien (La Découverte, 2007), Du bon usage de la torture (La Découverte, 2008).

 

SAMEDI 28 FÉVRIER À 17H CONCERT

Quatuor n°8 de Chostakovitch par le quatuor Aldric

Salle de conférences Hubert Curien

Dédié « à toutes les victimes du fascisme et de la guerre », le huitième quatuor de Chostakovitch est un cri de douleur et de révolte. Composé en trois jours, ce requiem instrumental n’évoque pas seulement ceux qui sont morts dans les chambres à gaz et sur les champs de bataille, il dépeint encore l’existence brisée des survivants. À la violence extrême du deuxième mouvement, dont le thème principal se perd ensuite dans une valse grotesque – écho de la musique que jouaient dans les camps nazis les orchestres de prisonniers lors des sélections et des pendaisons ? – répondent ainsi la plainte toute intérieure du premier mouvement, l’aria désolée du quatrième et la mélancolie du mouvement final. Et pourtant il n’est pas impossible d’entendre, au plus profond de ce chant désespéré, une timide espérance.
Créé en 2000, le quatuor Aldric est composé de solistes de l’Orchestre de Bretagne et d’enseignants des conservatoires nationaux.
Pascal Cocheril : premier violon Thomas Presle : deuxième violon Catherine Roux-Cocheril : alto Olivier Lacour : violoncelle