Ce que nous enseigne l’amour courtois, par Philippe Carpentier

Dans la psychanalyse, il y a de l’amour. Le transfert, c’est de l’amour. L’amour est une affaire certes merveilleuse, mais il faut en convenir, d’une grande complexité.

Prenons par exemple Saint Martin. Voilà quelqu’un de plutôt sympathique, mais, il faut bien le dire, assez étonnant. Il donne au pauvre qu’il rencontre sur sa route une seule moitié de son manteau ! Il y a aussi Salomon, le fameux roi. Confronté à deux femmes qui revendiquent le même objet d’amour maternel et faute d’un accord amiable, il ordonne qu’on tranche l’enfant. Le peintre David l’a très bien représenté. Un soldat tient d’une main la jambe du bébé, pendant que de l’autre il soulève son glaive. C’est très étonnant aussi et a priori, beaucoup moins sympathique et disons même, bien plus cruel que le manteau tranché en deux. Pourtant l’acte de Salomon a cet effet de révéler un amour véritable qu’il n’est pas certain que l’apologue de St Martin recèle. La conclusion de l’histoire est connue. L’une des deux femmes réclame une moitié de l’enfant pendant que l’autre consent à s’en séparer pour que vive l’enfant. Salomon rend alors son jugement.

Et puis il y a le fin’amor, l’amour courtois comme il s’est dit plus tard. C’est là encore assez surprenant. C’est une manière de faire qui ne manque pas d’intérêt mais qui demande, semble-t-il, beaucoup d’efforts, une abnégation qui ne semble pas être la tournure prise dans ce monde, du moins occidental, qui est aujourd’hui le nôtre.

La psychanalyse s’est intéressée à cette modalité de la rencontre qui en effet enseigne sur la fonction de l’amour.

Philippe Carpentier

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