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Ce que le poète dit au philosophe

Ateliers populaires de philosophie

Cinquième cycle, du lundi 6 février au lundi 19 mars 2012

Ce que le poète dit au philosophe
par Yvon Inizan
Professeur de philosophie au lycée de Vitré

Infos pratiques :
Lieu : Auditorium Paul Ricœur au lycée Zola, Avenue Janvier, Rennes
Horaires : tous les lundi, 18h-20h (hors vacances scolaires)
Entrée libre et gratuite, renseignements et contact : 06 11 14 23 70

Programme des ateliers populaires de philosophie 2011-2012

Présentation de l’atelier :

Dans un livre paru très récemment, Alain Badiou, traduit, retranscrit, adapte les analyses de Platon dans la République et notamment celles développées à propos de la poésie :

“ Car nous refusons de retomber dans cet amour d’enfance qui est aussi celui de la majorité des gens. Nous sentons bien qu’il ne faut pas s’attacher sérieusement à ce genre de poésie comme si elle participait du processus d’une vérité. Il faut plutôt, quand nous l’écoutons ou la lisons, nous méfier de son charme, comme qui expose son intime solidité subjective au plus grand péril” (La République de Platon, Fayard, janvier 2012, p.).

Cette incapacité de la poésie à dire la vérité, selon Platon, justifie à ses yeux que l’on chasse les poètes de la République. Depuis, cet exil inaugural, ce refoulement originaire, le rapport conflictuel de la philosophie à la poésie n’a cessé, en sous main le plus souvent, de travailler l’histoire de la pensée occidentale.

Sans adopter un point de vue trop ample, trop ambitieux, nous souhaitons interroger ce rapport de la poésie à la philosophie. Nous demanderons à une oeuvre précise de nous enseigner sur l’état de ce lien aujourd’hui : Yves Bonnefoy – auteur d’une oeuvre poétique magistrale – s’est appuyé, en effet, sur son écriture poétique pour interroger cette relation. D’ailleurs, comme une réponse cinglante au philosophe, son premier recueil poétique a pour titre : Anti-Platon.

En dépit de cette première position réactive, c’est au dialogue pourtant que toute l’oeuvre d’Yves Bonnefoy ne cesse d’inviter. Que dit alors le poète au philosophe ? Cela suppose aussi que, quelles que soient les observations du poète, le philosophe puisse lui-même les entendre. Ainsi, nous interrogerons la pensée philosophique de ce point de vue : à quelles conditions peut-elle vraiment se saisir de la parole poétique c’est-à-dire en comprendre la contingence et l’éphémère, en percevoir la force et la blessure ?

Au cours de la toute dernière séance (19-03-2012), nous aurons le grand plaisir de recevoir trois poètes ; occasion offerte de décrire leurs itinéraires respectifs dans le paysage de la poésie contemporaine, de les entendre également lire certains de leurs textes : Paol Keineg, Yves Prié, James Sacré.

Cette parole laissée, pour finir, aux poètes traduit notre souci : sans rien perdre de la rigueur conceptuelle, comment articuler deux formes de discours hétérogènes, créer un lieu de la rencontre ?

Bibliographie :

Sur ce thème, les oeuvres et les commentaires sont bien-sûr innombrables. Nous ne livrons ici, pour indication, que le titre de quelques ouvrages que nous aurons l’occasion de croiser au cours de notre réflexion.

– Platon, La République, Edition Folio. Un texte majeur dans lequel Platon en vient à chasser le poète de sa cité idéale. Et cela en dépit de toute l’admiration qu’il éprouve pour Homère.

– Martin Heidegger, Chemins qui ne mènent nul part, Edition Gallimard, collection Tel, en particulier le chapitre V intitulé “Pourquoi des poètes ?”. Un texte majeur pour saisir la réhabilitation de la poésie comme modalité d’une révélation essentielle.

– Jean-Paul Sartre, Qu’est-ce que la littérature ?, Edition Folio. Un texte dans lequel le penseur de l’existentialisme pose une distinction forte entre la poésie et la prose. Selon lui le poète refuse de s’engager dans le monde ; il choisit, comme le fit Baudelaire en son temps, de s’enfermer dans un échec en ne considérant le langage que pour lui-même.

– Paul Ricoeur, La Métaphore vive, Edition Folio. Dans ce livre, le philosophe s’interroge sur la création de métaphores. Il y a dans cette invention – en particulier poétique – une manière d’inventer notre relation au monde.

– Yves Bonnefoy, Entretiens sur la poésie, Edition Mercure de France. Un ensemble d’entretiens et de textes sur la poésie (de 1972 à 1990) à travers lesquels le poète de la présence révèle toute sa pensée de la démarche poétique. Un livre tout à fait essentiel.

– Yves Bonnefoy, L’Inachevable, Edition Albin Michel. La suite des entretiens (de 1990 à 2010).

– Yves Bonnefoy, L’Improbable et autres essais, Edition Folio. Le premier recueil de textes critiques où peut se voir l’influence des philosophies de l’existence.

– Yves Bonnefoy, Poésies, Edition Poésie/Gallimard. Premier grand recueil de poésie dans lequel on trouve en particulier Du mouvement et de l’immobilité de Douve.

– Patrick Née, Yves Bonnefoy penseur de l’image ou les travaux de Zeuxis, Edition Gallimard. Un des livres essentiels – sans doute exigeant – sur la pensée du fait poétique élaborée par le poète.

Quelques livres de nos amis poètes :

– James Sacré, La poésie, comment dire ? , Edition André Dimanche ; Une Petite fille silencieuse, Edition André Dimanche ; Viens, dit quelqu’un, Edition André Dimanche ; Coeur élégie rouge, Edition André Dimanche …

– Paol Keineg, Terre lointaine, Editions Apogée ; Là et pas là, Editions Le temps qu’il fait/Lettres sur cour ; Les trucs sont démolis, Editions Le temps qu’il fait/ Obsidiane…

– Yves Prié, Passages des amers, Edition Rougerie ; La nuit des pierres, Edition Rougerie ; Partir, disais-tu, Edition Rougerie…