Sciences

Parcours grands philosophes : Descartes, Mercredi 4 juin 2014

Parcours grands philosophes

Le « Parcours grands philosophes » a pour but de faire connaître une pensée philosophique à partir de la vie de son auteur.

Rencontre autour de

DESCARTES

avec Pierre Guénancia
Mercredi 4 juin 2014 à 18h30,
aux Champs Libres, salle de conférences Hubert Curien

Dans le cadre du partenariat entre la Société bretonne de Philosophie et les Champs Libres.

Trois journées de réflexion 2012 – L’Utopie

En partenariat avec les Champs Libres, la Société bretonne de philosophie organise comme chaque année « Les Champs de la réflexion ».

 

Du 1er au 3 mars 2012 :

L’UTOPIE

Lucas.theis (CC BY 2.0)

L’utopie, idéal de l’imagination et source d’espoir politique et social, a aussi inspiré des réalisations monstrueuses au point de lui conférer désormais un sens péjoratif conduisant à définir la société contemporaine comme celle qui a mis fin aux « grands récits de la modernité ». Cette nouvelle édition des Champs de la Réflexion tentera de faire la lumière sur la nature de l’utopie, sa fonction et ses domaines d’exercice. De l’utopie littéraire à ses tentatives politiques, des utopies d’hier à celles d’aujourd’hui, on s’interrogera en particulier sur la place résiduelle des utopies contemporaines : notre société pragmatique, soumise aux principes de sécurité et de réalité, est-elle encore en mesure de faire place à l’utopie, à son discours critique et à son désir de réformation ?

 

PROGRAMME

Jeudi 1er mars 2012
Les Champs de la Réflexion, 20h30,
Conférence introductive : L’utopie, par Pierre Macherey
(philosophe, Lille)

Vendredi 2 mars,
Les Champs de la Réflexion, 15h
Les variétés de l’utopies :
L’utopie et la ville face aux crises, par Jean-Louis Violeau
(sociologue, St Nazaire, Paris)
Utopie, Dystopie et Science-fiction, par Marc Atallah
(philosophe, Lausanne)

Samedi 3 mars
Les Champs de la Réflexion, 15h30
Utopies d’hier, d’aujourd’hui et de demain :
regards croisés sur le sens politique et historique de l’utopie.

Rencontre et dialogue entre Michèle Riot-Sarcey (historienne, Paris), Laurent Loty (Cnrs, histoire des idées) et Armand Mattelart (sociologue, Paris)

 

Toutes les conférences ont lieu aux Champs Libres à Rennes, dans la salle de conférences Hubert Curien – Entrée libre et gratuite, réservations au 02 23 40 66 00.

Jeudi 1er mars 2012, 20h30 : Le réel de l’utopie par Pierre Macherey

Trois journées de réflexion 2012 : L’Utopie

Jeudi 1er mars 2012, 20h30
Le réel de l’utopie par Pierre Macherey (philosophe, Lille)

Lieu : Les Champs Libres à Rennes, dans la salle de conférences Hubert Curien
Entrée libre et gratuite, réservations au 02 23 40 66 00.

Pris dans son acception courante, le terme « utopie » désigne un effort en vue de s’évader du réel, en proposant des solutions imaginaires à ses problèmes. On voudrait montrer que l’utopie, même si elle emprunte des voies inattendues, n’en finit pas moins par rejoindre le réel, sur lequel elle est en prise et qu’elle vise à transformer concrètement.

Pierre Macherey, né en 1938, après avoir travaillé avec Althusser, et avoir enseigné la philosophie aux universités de Paris I et de Lille III, est actuellement rattaché à l’UMR du CNRS « Savoirs Textes Langage » où il a animé un groupe d’études dont les travaux sont consultables sur le portail Hypothèses.org. Dernières publications : Marx 1845 – Les « Thèses » sur Feuerbach (2008), Petits riens – Ornières et dérives du quotidien (2009), De Canguilhem à Foucault – La force des normes (2009), De l’utopie ! (2011), La Parole universitaire (2011).

Vendredi 2 mars 2012, 15h : L’utopie et la ville, face aux crises, par Jean-Louis Violeau

Trois journées de réflexion 2012 : L’Utopie

Vendredi 2 mars, 15h :
L’utopie et la ville, face aux crises, par Jean-Louis Violeau

Lieu : Les Champs Libres à Rennes, dans la salle de conférences Hubert Curien
Entrée libre et gratuite, réservations au 02 23 40 66 00.

Si l’utopie ouvre en elle-même un horizon de puissance et d’espérance, elle est aussi et avant tout un texte instaurateur d’espace : la modélisation critique de l’espace est l’instrument privilégié des réformateurs sociaux. Longtemps, la construction de la ville a fait partie d’un projet plus vaste d’édification d’une société nouvelle. Quelles sont donc les figures utopiques qui semblent aujourd’hui occuper l’imaginaire des jeunes architectes ? Notre époque contemporaine, dominée par le « principe responsabilité », laisse-t-elle la place à des utopies urbaines, ou bien la ville durable et ses éco-quartiers n’offrent-elles qu’une perspective de gouvernance réaliste ?
Jean-Louis Violeau est sociologue, chercheur au laboratoire Architecture-Culture-Société (CNRS / Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Malaquais) ; ses travaux se partagent en trois grands champs d’intérêt : les architectes, les élites et les multitudes. En 2009, il a publié Les 101 mots de l’Utopie, à l’usage de tous (Archibooks), et il vient de coordonner (avec Craig Buckley) la traduction d’une anthologie : Utopie. Texts and Projects, 1967-1978, soutenue par les éditions Semiotexte et MIT Press, Los Angeles / Cambridge, 2011.

 

Vendredi 2 mars 2012 : 16h Utopie, dystopie et science-fiction par Marc Atallah

Trois journées de réflexion 2012 :  L’Utopie

Vendredi 2 mars : 16h
Utopie, dystopie et science-fiction par Marc Atallah
à la suite de « L’utopie et la ville, face aux crises », par Jean-Louis Violeau

Lieu : Les Champs Libres à Rennes, dans la salle de conférences Hubert Curien
Entrée libre et gratuite, réservations au 02 23 40 66 00.

Partant des principes de l’utopie littéraire classique, Marc Atallah parlera de la dystopie, l’utopie négative telle qu’on peut la lire dans 1984 le roman de Georges Orwell par exemple, et s’attachera à montrer les relations intimes existant entre l’utopie et son contraire ; il évoquera également le rôle qu’a joué la science-fiction quant à la popularisation des dystopies.

Marc Atallah est philosophe et maître d’enseignement et de recherche à l’université de Lausanne ; ses recherches portent sur les littératures conjecturales (utopie, dystopie, science-fiction) auxquelles il a déjà consacré de nombreux articles et il dirige depuis janvier 2011, la Maison d’Ailleurs, musée de la science-fiction, de l’utopie et des voyages extraordinaires, à Yverdon-les-Bains.
Un livre en collaboration avec Dominique Kunz-Westerhoff : L’Homme-Machine et ses avatars dans la littérature des XVIIe au XXIe siècles, Paris, Vrin 2011
Un article en ligne : « Apocalypse, science-fiction et catastrophisme éclairé : et si la panne sèche de notre “agir” provenait d’un déficit du “croire” ? », in : En attendant la fin du monde : la structure littéraire de l’Apocalypse, revue Post-scriptum (n° 12), article en ligne publié le 12 mars 2010.
Ou encore : « La littérature, un remède à l’aliénation scientifique », in : Colloquium Helveticum. Cahiers suisses de littérature générale et comparée (n° 37/2006), Fribourg : Academic Press, 2007, pp. 15‑36.

Samedi 3 mars 2012, 15h 30 : Utopies d’hier, d’aujourd’hui et de demain

Trois journées de réflexion 2012 : L’Utopie

Samedi 3 mars, 15h 30
Utopies d’hier, d’aujourd’hui et de demain : regards croisés sur l’utopie à travers la rencontre entre Michèle Riot-Sarcey, Laurent Loty et Armand Mattelart.

Lieu : Les Champs Libres à Rennes, dans la salle de conférences Hubert Curien
Entrée libre et gratuite, réservations au 02 23 40 66 00.

La modernité de l’utopie, par Michèle Riot-Sarcey

“La mort proclamée des utopies lors de la chute du mur de Berlin a laissé croire, pendant près de quinze ans, à ”la fin de l’histoire”. Aujourd’hui l’utopie renaît. Mais de quelle utopie s’agit-il ? Nous reviendrons sur ce que j’ai nommé le Réel de l’utopie comme forme d’expérience de la démocratie”.

Michèle Riot-Sarcey est professeure en histoire contemporaine à l’Université de Paris 8, ses recherches sont spécialisées sur l’histoire du politique, du genre et des utopies au XIXe siècle. Elle a publié Le réel de l’utopie en 1998 (Albin Michel), également un Dictionnaire des utopies (en collaboration avec A. Picon et Th. Bouchet) réédité et augmenté en 2006 chez Larousse, et Une histoire du féminisme aux éditions de la Découverte en 2004.

« Utopie » et « Alterréalisme » : histoire d’un mot, avenir d’une écriture,
par Laurent Loty

Nous avons un besoin urgent, pour éviter des catastrophes économiques ou guerrières, de retrouver la foi en l’imagination et en la politique. Une foi non intégriste. Une imagination polyphonique. Une politique déprofessionnalisée. À l’heure d’un possible renouvellement de l’humanisme (la révolution médiatique, anthropologique et politique du numérique), il est temps de voir surgir une multitude de fictions utopiques et juridiques, qui renouvellent le genre textuel que Thomas More a inventé en 1516, avec son livre intitulé Utopia. Tel est l’espérance du programme « Alterréalisme » qui a démarré à Rennes en 2001.

Pour réveiller l’imagination utopique, je commencerai par l’histoire du mot « utopie ». Celui-ci a été l’objet d’une extraordinaire mystification, au moment de l’invention du nom commun, au 18e siècle. Cette mystification est due à des philosophes ancêtres de nos ultralibéraux, elle a été relayée par le scientisme et le fatalisme historique du marxisme. Les anti-utopistes ont fini par nous faire croire que le mot « utopie » désigne un rêve impossible, alors qu’« utopie » était le nom propre d’un texte qui utilisait la fiction pour faire croire, de manière ironique et distanciée, en l’imagination politique. Une imagination préalable à toute action mélioriste.

Retrouver le pouvoir des « utopies » suppose d’employer le mot pour désigner ces textes qui reprennent la stratégie d’écriture de More. Ces utopies ne sont ni irréalistes ni réalistes, mais alterréalistes. Pour autant, elles peuvent être bénéfiques ou néfastes au bien-être de chacun et de tous. Depuis des siècles, on y trouve toutes sortes de valeurs et de modèles : liberté de croyance, eugénisme, racisme, partage du travail, sexisme, éducation à l’esprit critique, autoritarisme, libéralisme, communisme, incitation à la soumission… J’esquisserai quelques pistes pour des formes, des contenus et des modalités d’écriture en lesquelles je crois. Pour qu’après l’heureuse chute du Mur et la malheureuse grande transformation ultralibérale, chacun puisse se mettre, si cela lui chante, à lire et à écrire des fictions utopiques et juridiques, à retrouver le chemin d’un progrès collectif.

Historien des textes, des mots, des savoirs et des idées, Laurent Loty a présidé la Société française pour l’histoire des sciences de l’homme. Avant d’entrer au CNRS, il a enseigné 30 ans, dont la moitié à l’Université Rennes 2, où il a animé le séminaire « Textes et Savoirs, Transdisciplinarité et Politique ». Il défend une conception indisciplinaire de la recherche (« Pour l’indisciplinarité », 2005). Il s’intéresse à l’histoire des mots qui nous empêchent de penser (« L’optimisme contre l’utopie », Europe, « Regards sur l’utopie », mai 2011), et enquête sur la genèse des idées politiques contemporaines. Il a codirigé L’histoire des sciences de l’homme (1999), Littérature et engagement pendant la Révolution française (2007), Individus et communautés (revue Dix-Huitième Siècle, 2009). Il prépare une histoire de l’optimisme et du fatalisme, et une édition de La Découverte australe, utopie de Rétif. Depuis 2001, il organise avec Anne-Rozenn Morel un programme international d’incitation à l’écriture de fictions utopiques et juridiques.

L’utopie informationnelle en question, par Armand Mattelart

« Comme les peuples se touchent ! Comme les distances se rapprochent ! Et le rapprochement, c’est le commencement de la fraternité… Avant peu, l’homme parcourra la terre comme les dieux d’Homère parcouraient le ciel, en trois pas. Encore quelques années, et le fil électrique de la concorde entourera le globe et étreindra le monde. »

Victor Hugo, 1840.

Figure maîtresse du progrès, l’univers réticulaire a très tôt investi les utopies. Eternelle promesse, le réseau de communication symbolise la figure d’un monde meilleur, parce que solidaire. De la route au rail jusqu’aux « autoroutes de l’information », cette croyance a rebondi au gré des générations techniques. Mais les réseaux n’ont jamais cessé d’être l’objet d’enjeux contradictoires et de se trouver au coeur des affrontements pour la maîtrise du monde.
C’est ce qu’enseigne, depuis le début du millénaire, les tensions entre la notion de société de l’information et celle de société de savoir qui se font jour dans les débats qui se sont ouverts dans les grandes institutions internationales autour de l’aménagement du cyberespace planétaire. Chacune exprime des projets de société et des systèmes de valeurs contrastés. La première relève des techno-utopies et du déterminisme technique. La seconde s’enracine dans les utopies sociales de partage des savoirs. L’une traduit une vision inféodée au pragmatisme de l’actualité ; l’autre implique de penser le devenir du monde au regard de l’histoire et de la mémoire collective. Chacune d’elles témoigne d’une genèse tout aussi contrastée. Seule l’absence de précaution épistémologique peut laisser tracer un trait d’équivalence entre les deux. D’où l’importance que prend la bataille des mots, à plus forte raison en ces temps où l’appauvrissement de la langue qui sert à désigner le monde et spéculer sur son futur à la lumière du progrès technique se conjugue avec le foisonnement de néologismes plus proches du logotype que du concept. Le problème est que, par les catégories toutes faites, passent les glissements de sens des concepts de démocratie et de liberté, en même temps que s’imposent à nous sur le mode de l’évidente nécessité ce qui est et, surtout, ce qui est censé advenir. C’est donc à une archéologie de ces notions politiquement et géopolitiquement structurantes qu’invite cette intervention.

Armand Mattelart est professeur émérite des Universités. Il est rattaché au Centre d’études des médias, des technologies et de l’internationalisation (CEMTI) et à l’école doctorale des sciences sociales, à l’université de Paris 8 (Saint-Denis). Il a débuté en septembre 1962 sa carrière universitaire comme enseignant-chercheur à l’école de sociologie de l’Université catholique du Chili, à Santiago, et y est resté jusqu’en septembre 1973. Durant la présidence (1970-73) de Salvador Allende, a participé de près aux projets de réforme des médias. Après le coup d’Etat du général Pinochet, est revenu en France où il a réalisé un documentaire long métrage (La Spirale, 1976) sur cette période de l’Unité populaire chilienne, en collaboration avec Chris Marker. Nommé professeur titulaire en décembre 1983 à l’université de Rennes 2, il y a enseigné jusqu’en 1997, date à laquelle il a rejoint l’université de Paris 8 jusqu’à sa retraite en septembre 2004. Resté en contact étroit avec l’Amérique latine, il y donne régulièrement des séminaires. Depuis 2001 il est partie prenante des forums sociaux, au niveau mondial et régional.

Il est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés aux médias, à la culture et aux systèmes de communication, plus spécialement dans leur dimension internationale et historique. Parmi lesquels La Communication-monde (1992), L’Invention de la communication (1994, nouvelle édition, 2011), Histoire de l’utopie planétaire (1999, nouvelle édition 2009) et La Globalisation de la surveillance (2008), tous édités par La Découverte. Et dans la collection « Que sais-je » des PUF : La Mondialisation de la communication (1996, 2008).

Une morale après Auschwitz… ? par Nathalie Monnin

Ateliers populaires de philosophie

Huitième cycle, du lundi 6 juin au lundi 27 juin 2011

Une morale après Auschwitz… ?
par Nathalie Monnin
professeur de philosophie au lycée Joliot Curie à Rennes

Infos pratiques :
Lieu : Auditorium Paul Ricœur au lycée Zola, Avenue Janvier, Rennes
Horaires : tous les lundi, 18h-20h (hors vacances scolaires)
Entrée libre et gratuite, renseignements et contact : 06 11 14 23 70

Programme des ateliers populaires de philosophie 2010-2011

Présentation de l’atelier :

Peut-on concevoir la morale après Auschwitz de la même façon qu’on la concevait avant ?
1) Cette première question en induit au moins deux autres : en quoi Auschwitz est-il si particulier dans l’histoire de l’humanité qu’il conduirait à devoir repenser la morale ?
2) Qu’était donc la morale avant, c’est-à-dire : comment, en quels termes pensait-on le rôle, la définition, la fonction d’une morale ?
Nous présupposons ici qu’il s’est passé quelque chose à Auschwitz qui a détruit l’idée traditionnelle qu’on se faisait de la morale et qui nous oblige à la penser désormais sur d’autres bases. C’est ce point de rupture et la possibilité – ou pas – de penser une morale après Auschwitz que nous voudrions analyser.

Bibliographie :

Le Commandant d’Auschwitz parle, témoignage de Rudolph Hoess, éd. La Découverte, 2005. Témoignage sincère d’un nazi non repenti, mais qui comprend notre besoin de comprendre et se livre avec confiance pour tenter de mettre au jour les raisons de sa profonde obéissance. Témoignage sincère, et d’autant plus cynique à nos yeux, avec des passages parfois insupportables quand il s’agit de décrire la vie du camp et les procédés d’extermination.

Gitta Sereny et Colette Audry, Au fond des ténèbres : Un bourreau parle. Franz Stangl, commandant de Treblinka, Éd. Denoël, 2007.  Un travail remarquable de la journaliste italienne Gitta Sereny, qui interroge patiemment Stangl sur ses motivations. Contrairement à Hoess, Stangl culpabilisait profondément et se rendait compte de la monstruosité des ordres reçus. Il n’a pourtant pas désobéi. À partir du témoignage, la journaliste fait un éblouissant travail d’investigation des autres témoins de l’époque, dont elle a retrouvé la trace et qu’elle a interrogés pour faire se recouper les souvenirs – et parfois, les éclairer les uns par les autres, mettant au jour les difficultés propres au souvenir pour les survivants. Un chapitre historiquement très fouillé porte sur l’implication de l’église chrétienne dans le régime, et rappelle les quelques prêtres qui ont résisté, au péril de leur vie. On comprend la difficulté de juger les agents du crime, par le soin que l’auteur met à retracer les multiples aliénations, réelles ou supposées telles, qui submergeaient les individus, écrasés par la machine politique et militaire.

Laurence Rees, Ils ont vécu sous le nazisme, Éd. Perrin, coll. Tempus, 2009.
L’historien anglais décrit par le menu (par les témoignages d’anonymes qu’il a patiemment recueillis) le système politique du nazisme pour montrer comment se faisait la chaine de commandement : Hitler ne commandait pas à proprement parler. Il en allait donc de la responsabilité de chacun d’obéir ou de traduire la direction indiquée dans un sens ou dans un autre. Le sens le plus souvent choisi (voire toujours) s’est trouvé être une exacerbation et un durcissement incroyable. Dans ce livre aussi, on voit l’aliénation inconsciente à laquelle les individus sont soumis, sans pouvoir s’en rendre compte – ce qui ne les déculpabilise pas, mais permet de comprendre la spécificité des régimes totalitaires dans la pression formidable exercée sur les individus.

Michel Terestchenko, Un si fragile vernis d’humanité, La Découverte, 2005.
L’auteur analyse les raisons pour lesquelles un individu est conduit à obéir à un ordre monstrueux, pendant qu’un autre est capable d’y résister. Le livre reprend les témoignages de Stangl, à travers le livre de Gitta Sereny, et le travail fait sur le 101e bataillon de Hambourg, pour les mettre en relation avec l’expérience de Milgram.

Stanley Milgram, Soumission à l’autorité, Calmann-Lévy, 1974.
Le psychologue décrit les diverses modalités de l’expérience faite entre 1950 et 1963 pour tester la résistance à des ordres cruels.

Victor Klemperer, LTI, la langue du IIIème Reich, Albin Michel, Pocket, 1996.
Le philologue allemand, mais juif, raconte sa vie pendant les douze années de nazisme, et analyse chaque jour, à 4h du matin, la déformation de la pensée par le « nouveau langage » instauré insidieusement par les idéologues nazis. Il illustre magistralement et dramatiquement le rapport entre la pensée et le langage, en montrant comment les mots informent notre pensée et, par suite, notre comportement.

Sartre, L’Être et le néant, Tel Gallimard, 2ème partie, sur l’être de la valeur.
Sartre met au jour la structure de l’être de la valeur, ce qui permet de comprendre (en recoupant ce texte avec deux autres : l’Idiot de la famille (tome I, p. 139 et sq.) et un inédit paru dans la revue Les Temps modernes, en juillet, Morale et Histoire, octobre 2005) le fondement subjectif de la morale : pourquoi certains obéissent pendant que d’autres trouvent la force morale de désobéir ? Ces textes permettent de ré-interroger la manière dont le Bien nous est donné, ce qui conduit peut-être à fonder à nouveaux frais la morale.

Pourquoi la liberté est–elle la fin suprême de la politique ? par Annie Coll

Ateliers populaires de philosophie

Septième cycle, du lundi 9 mai au lundi 30 mai 2011

Pourquoi la liberté est–elle la fin suprême de la politique ?
par Annie Coll
professeur de philosophie au lycée La Fontaine–des–Eaux à Dinan

Cet atelier débutera à 18h15 à la place de 18h, Annie Coll terminant ses cours à 17h à Dinan.

Infos pratiques :
Lieu : Auditorium Paul Ricœur au lycée Zola, Avenue Janvier, Rennes
Horaires : tous les lundi, 18h15-20h (hors vacances scolaires)
Entrée libre et gratuite, renseignements et contact : 06 11 14 23 70

Programme des ateliers populaires de philosophie 2010-2011

Présentation de l’atelier :

La révolution française nous avait promis la liberté, l’égalité et le bonheur par-dessus le marché… Nous avons l’égalité des droits et le marché. Mais qu’en est-il de la liberté ?
C’est Arendt qui montre pourquoi elle est la grande oubliée de la politique…
Je m’appuierai sur ses analyses, essentiellement, mais aussi sur celles de Marx qu’elle continue, à mon sens et sur celles de Castoriadis qui reprend l’héritage d’Arendt.
Marx établit le lien entre l’exploitation économique et l’absence de liberté. On découvrira un Marx non déterministe, bien loin de la doxa trop ressassée.
Arendt part du totalitarisme pour montrer que son terreau est le conformisme de masse encore menaçant aujourd’hui.
Enfin Castoriadis car sa théorie de l’imagination radicale montre que la conquête de l’autonomie tant individuelle que collective est aussi souhaitable qu’envisageable.
Cet atelier aura donc une grande dimension critique par rapport à ce qui passe pour la démocratie aujourd’hui, mais aussi une dimension encore utopique, destinée à nourrir le principe d’espérance.

Bibliographie :

Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne, Presses Pocket Agora.
Livre  clé, qui expose sa critique du conformisme de masse et dénonce la valorisation excessive du travail de notre époque au détriment de l’action politique.

Hannah Arendt, Qu’est-ce que la politique  ? Points Seuil
Ce livre  nous montre le caractère essentiel de la politique dans la pensée de la philosophe; « Il faut comprendre la liberté elle-même comme quelque chose de politique. »

Anne Amiel,  Hannah Arendt, Ellipses
Il s’agit du vocabulaire de la philosophe, ses concepts principaux sont explicités. C’est une courte synthèse de son œuvre.

Julia Kristeva,  Le génie féminin Hannah Arendt, Folio Essais
L’auteure nous offre une approche sensible et passionnée de la vie et de la pensée de la philosophe.

Françoise Collin,  L’homme est-il devenu superflu ? Odile Jacob
Ce livre montre qu’ Arendt a voulu refonder un monde commun qui substitue à la pluralité des mêmes, celle des différents.

Cornelius Castoriadis,  La montée de l’insignifiance Les carrefours du labyrinthe IV La couleur des idées Seuil
« Si l’on ne peut ou ne veut rien en faire, la liberté devient une figure vide. Horrifié devant ce vide, l’homme contemporain se réfugie dans le laborieux sur – remplissage de ses loisirs.  » Castoriadis nous indique des pistes pour déjouer le désarroi.

Jacques Rancière,  La haine de la démocratie, La fabrique éditions
Le titre est trompeur. C’est un plaidoyer pour une autre démocratie, authentique. Rancière dénonce le leurre actuel de notre démocratie qui se moque bien de ce que veut le peuple.

Daniel Bensaîd,  Marx Mode d’emploi
Ce livre nous présente avec humour et dessins à l’appui un Marx dégagé des oripeaux du marxisme.

Annie Coll, Le très possible communisme : Lecture croisée Marx Arendt Editions MLD
C’est une confrontation directe des analyses des deux philosophes sur la politique, la liberté et d’autres thèmes communs.  Cette lecture rend la pensée de ces auteurs accessible à tous.

Qu’est–ce que la justice sociale ? par Gérard Amicel

Ateliers populaires de philosophie

Sixième cycle, du lundi 28 mars au lundi 18 avril 2011

Qu’est–ce que la justice sociale ?
par Gérard Amicel
professeur de philosophie à Rennes

Cet atelier débutera à 18h30 à la place de 18h, Gérard Amicel terminant ses cours à 18h au lycée Bréquigny.

Infos pratiques :
Lieu : Auditorium Paul Ricœur au lycée Zola, Avenue Janvier, Rennes
Horaires : tous les lundi, 18h30-20h (hors vacances scolaires)
Entrée libre et gratuite, renseignements et contact : 06 11 14 23 70

Programme des ateliers populaires de philosophie 2010-2011

Présentation de l’atelier :

Les inégalités se sont accrues, en France, au cours des dix dernières années. Ce constat vient nourrir le sentiment d’injustice qui se diffuse dans notre société fracturée. Mais, l’indignation scandalisée conduit, le plus souvent, à la recherche de coupables ou de boucs émissaires. Il faut plutôt tenter de comprendre pourquoi les inégalités ne cessent d’augmenter dans une société plus que jamais obsédée par l’égalité.
Peut-on donner un sens précis à l’idée de justice sociale ? Ou bien s’agit-il d’une notion vide, d’un simple « mirage » politique ? Est-il possible d’articuler cette valeur de justice avec d’autres valeurs clés de la modernité, comme la liberté individuelle et la créativité culturelle ?
Le but est d’éclairer le débat contemporain autour de cette notion de justice sociale, en confrontant les différentes thèses en présence.

Bibliographie :

Rawls John, Théorie de la justice (1971), trad. par Catherine Audard, Seuil, 1987.
Hayek Friedrich A., Droit, législation et liberté (II) : Le mirage de la justice sociale (1978), trad. par Raoul Audouin, PUF, 1982.
Dupuy Jean-Pierre, Libéralisme et justice sociale, Hachette, 1992.
Kymlicka Will, Les théories de la justice : une introduction (1990), trad. par Marc Saint-Upéry, La découverte, 1999.
Renault Emmanuel, L’expérience de l’injustice. Reconnaissance et clinique de l’injustice, La Découverte, 2004.
Dubet François, Les places et les chances. Repenser la justice sociale, Seuil, 2010.

L’amour, par Gabriel Mahéo

Ateliers populaires de philosophie

Cinquième cycle, du lundi 14 février au lundi 21 mars 2011

L’amour
par Gabriel Mahéo
professeur de philosophie au lycée du Léon à Landivisiau
Bibliographie

Infos pratiques :
Lieu : Auditorium Paul Ricœur au lycée Zola, Avenue Janvier, Rennes
Horaires : tous les lundi, 18h-20h (hors vacances scolaires)
Entrée libre et gratuite, renseignements et contact : 06 11 14 23 70

Programme des ateliers populaires de philosophie 2010-2011

Bibliographie :

Platon, le Banquet et Phèdre.
Max Scheler, Nature et formes de la sympathie.
J.-P. Sartre, L’être et le néant, pour la troisième partie portant sur les relations à autrui, dont l’amour.
S. Freud, Essais de psychanalyse (IIe partie, chap. 8.) et La vie sexuelle (chap. 4).

Deux ouvrages classiques sur la question :
Anders Nygren, Eros et agapè.
C’est une étude qui met au point les deux concepts fondamentaux de l’amour, grec et chrétien, et ce à travers une analyse conceptuelle et une perspective historique sur le christianisme.
Denis de Rougemont, L’amour et l’occident.
C’est une étude historique, qui montre l’origine de notre idée de l’amour dans le mythe de Tristan et Iseut et dans ses métamorphoses (notamment au contact de l’hérésie cathare…).

Les contemporains :
Jean-Luc Marion, Le phénomène érotique.
Jose Ortega y Gasset, Etudes sur l’amour.
Ce dernier est un ouvrage assez court, très accessible et un des plus intelligents sur la question.
Alberoni, Le choc amoureux – étude sociologique de l’amour.