L’emprise du droit

Par Arnaud Guilloux

Dates et horaires : les lundis 1, 22 et 29 février, 7 mars 2016, 18h-20h
Lieu : Amphi Donzelot, 6 rue Kléber à Rennes, 18h-20h
Entrée libre et gratuite, renseignements et contact : 07 81 55 85 09
Présentation des Ateliers populaires de philosophie et programme 2015-2016

PRÉSENTATION DE L’ATELIER :

Une société sans droit nous paraît difficilement imaginable. Celui-ci est vu en effet comme ce dont l’institution garantit un certain ordre en rendant possible le règlement pacifique des litiges et des conflits, en assurant à chacun la possibilité de recourir à des instances chargées de faire respecter des normes et de rendre justice. Mais le droit apparaît aussi comme ce qui entrave, ce qui impose ou au moins maintient un ordre de valeurs contre des revendications qui paraissent légitimes à ceux qui les portent, parfois au nom de droits supérieurs au droit existant. Par ailleurs l’expérience de la procédure judiciaire nous faire voir le droit sous un tout autre angle. On s’y trouve confronté à un maillage complexe de règles, il faut apprendre à connaître un langage qui semble ésotérique, on doit accepter les contraintes des procédures pour finalement devoir se soumettre à des décisions rendues au terme de combats que seuls des experts peuvent mener.

Le droit présente donc deux visages, celui de la norme protectrice et de celui de la « machine judiciaire » selon l’expression commune, qui sont difficiles à concilier et qui témoignent de l’ambivalence de son emprise : désirable en général, contraignante et parfois aliénante dans sa mise en œuvre particulière.

Enfin l’extension du domaine du droit dans nos sociétés, et parfois sa complexification, donne le sentiment que rien ne peut échapper au droit, avec le risque que celui-ci perde de sa force et de sa légitimité en empiétant sur des domaines que l’on devrait laisser à l’appréciation individuelle ou à la négociation collective. En même temps il est clair que renoncer à la formulation de normes dont l’État est le garant, y compris dans des domaines qui touchent à la sphère de la vie privée, ce serait renoncer au droit tout court, au risque de voir des rapports de domination être rendus parfaitement légitimes. Limiter l’extension de l’emprise du droit, sous la forme de la loi, conduit aussi bien à laisser s’instituer d’autres formes d’emprise bien plus contraignantes. C’est ce que suggère clairement Durkheim, dans Leçons de sociologie, à propos de l’État qui doit selon lui pénétrer tous les « groupes secondaires, famille, corporation, Église, districts territoriaux, etc., qui tendent, comme nous l’avons vu, à absorber la personnalité de leurs membres, et cela afin de prévenir cette absorption, afin de libérer ces individus, afin de rappeler à ces sociétés partielles qu’elles ne sont pas seules et qu’il y a un droit au-dessus des leurs ».

L’ambition de ces séances n’est certainement pas de traiter toutes les questions impliquées par ces remarques, mais seulement d’amorcer une réflexion sur l’emprise du droit en relation à deux thèmes : celui de la formation et de la transformation de la notion de droit, celui des rapports du droit, de l’individu et de la société.

Indication bibliographiques :

Pour les textes classiques on peut se reporter à l’anthologie parue dans la collection GF corpus chez Flammarion en poche :

  • Frédéric Rouvillois Le droit , GF Corpus Flammarion,
  • mais également aux ouvrages de présentation d’auteurs aux éditions Michalon dans la collection collection le bien commun :
  • Norbert Campagna Thomas Hobbes, l’ordre et la liberté
  • Norbert Campagna Michel Villey, le droit ou les droits
  • Sandrine Baume Kelsen : plaider la démocratie
  • Pour des textes de sociologues classiques sur le droit :
  • Emile Durkheim Leçons de sociologie, PUF Quadrige 2010, et les textes disponibles sur le site
  • http://classiques.uqac.ca/classiques/Durkheim_emile/durkheim.html
  • Max Weber, Sociologie du droit, PUF Quadrige 2013.
  • Pour d’autres textes de réflexion sur le droit ou d’histoire du droit :
  • Jean Carbonnier Droit et passion du droit sous la Vème République, Champs essais Flammarion.
  • Michel Villey, Le droit et les droits de l’homme, PUF Quadrige 2008.
  • Alain Supiot, Homo juridicus, Essai sur la fonction anthropologique du Droit, Points essais 2009,
  • et la conférence en ligne http://webtv.univ-nantes.fr/fiche/5457/alain-supiot-le-regne-de-la-loi-les-avatars-d-un-ideal
  • Jean-Marie Carbasse, Manuel d’introduction historique au droit, PUF Droit 2013.

Ciné-philo en relation avec ce thème :
La vérité, de Henri-Georges Clouzot
Dimanche 6 mars 2016
présenté par Arnaud Guilloux